Aujourd’hui en me baladant dans mon jardin intérieur avec ce souhait de débroussailler ce qui ne me convient pas et de corriger rapidement tout ce qui ne me semble pas positif, j’ai finalement décidé dans un instant de lucidité de ne rien faire dans la précipitation et de mettre le jardinier qui est en moi au repos en lui imposant le fauchage tardif.

Pratiquer le fauchage tardif, c’est comme agir pour la biodiversité en laissant à ma nature le temps de développer des zones refuges pour mes qualités présentes et à venir ainsi qu’à mes « insectes-défauts » pollinisateurs d’accomplir leur tâche.

Et oui parfois nos manquements, nos erreurs et nos défauts peuvent « polliniser » nos qualités (nos ressources) déjà présentes en les faisant grandir ou naître mais aussi en permettant un peu plus tard au jardinier (notre conscience) de bien faire le distinguo au moment de la moisson entre le blé et l’ivraie.

Il est vrai que les axes routiers de notre société réclament souvent sous prétexte de sécurité routière de faucher au gyrobroyeur tout ce qui pousse et dépasse aux bords des routes.

La culture du résultat outrancier, de l’excellence absolue que l’on trouve dans bon nombre d’entreprises, de collectifs, de magazines, de conférences et dans nos croyances peuvent parfois nous donner cette impression que si nous n’avançons pas ou que nous ne sommes à la hauteur, c’est certainement dû au fait que nous nous sommes laissés envahir par les mauvaises herbes (nos défauts, nos erreurs, nos manques de compétences) et qu’il faut agir sans tarder.

Comme pour le fauchage tardif au bord d’une route, notre jardinier intérieur se doit à un certain moment d’intervenir pour nous garantir une bonne visibilité et cela en supprimant les plantes indésirables qui peuvent devenir si grandes, qu’elles ne permettent plus de voir distinctement notre chemin.

Mais chaque chose en son temps.

Le recensement des zones visées, la période de fauchage établie en fonction de l’implantation (l’environnement), des particularités propres à chaque zone (nous avons tous une identité propre et unique) comme la nature du sol (nos valeurs et nos croyances) et de l’identification de toutes les plantes et des animaux qui y vivent (notre entourage) sont indispensables pour faire du fauchage tardif une source profitable. Et pour cela, il ne sert à rien de se précipiter.

Et si on s’autorisait d’être moyen ?

Personne n’est talentueux tout le temps. Si on a pu s’imaginer dans le passé, ou si l’on nous a fait croire que nous devons toujours apporter la réponse décisive, l’aide déterminante aux personnes et aux situations, alors nous connaissons probablement et finalement la frustration et l’impuissance.

En sport par exemple, les grands champions savent que les moments d’inspiration alternent nécessairement avec les phases basses.

Mais ils ont appris à « bien mal jouer », c’est-à-dire à revenir sur la technique de base de leur discipline, sur leur fond de jeu. Ils se concentrent sur le moment présent, le respect de la belle technique. Dans cet espace, ils ne gagnent pas le match mais apprennent à ne pas le perdre. Et le mystère est là : l’excellence personnelle repose aussi dans le fond de jeu et dans la capacité à être moyen, en attendant que le talent se présente à la porte.

Pour conclure, je ferai naturellement référence à cette formule que je trouve emprunte d’équilibre, qui me plaît bien et que je vous partage :

« Ne te préoccupe que de l’acte, jamais de ses fruits. Ne te laisse pas non plus séduire par l’inaction. » Bhagavad-Gita

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